À la fin des années 1970, le courant punk bouscule tout sur son passage pour secouer l’ordre établi et affirmer une ouverture décalée et inventive sur le monde. C’est cet état d’esprit qui intéresse Bérénice Legrand. Dans la continuité de Rock the Casbah, projet participatif créé pour et avec des adolescents, la chorégraphe s’empare à nouveau de ce bouillonnement créatif associé aux aspirations de la jeunesse d’aujourd’hui pour aborder le thème de l’identité et la construction de soi. L’interprète de Faire Soi.e, Mélanie Favre, est de cette jeunesse, « répertoriée de sexe féminin, pronom elle, mais ne se sentant aujourd’hui ni fille, ni garçon, ni homme, ni femme. Hybride, non genré·e ou plutôt humain·e ». Sur scène, grâce à un costume multi-fonction, elle révèle une créature en perpétuelle métamorphose. S’enveloppant d’une peau soyeuse, crantée, d’une fourrure retournée ou d’une armure en métal, elle se façonne, se sculpte, se zippe, se raccommode au gré de ses trépignements intimes. À la fois armure et cocon, à l’image de l’enveloppe soyeuse que le ver à soie se confectionne avant de s’envoler, ce costume caméléon agit comme un révélateur des mues nécessaires pour faire jaillir nos joyeuses singularités. Entre explosions et moments d’accalmie, sur une création musicale 100% punk inspirée des Clash, Faire Soi.e est une manière de penser la construction de soi comme un acte de résistance politique. À chacun de créer son « no future ».