Selon les artistes eux-mêmes, Flaque serait : « un spectacle in situ et non déterministe qui dépasse les limites du scotch ». Phrase manifeste où plane une forme d’autodérision toute situationniste. Le sens fleure bon l’énigme. Bien sûr, il pousse à aller voir comment se concrétise l’espiègle intrigue. Cadrée par un ruban de scotch, la scénographie peut se poser un peu partout. Dans sa topologie variable, c’est la lumière qui crée l’espace, quelque chose entre une salle d’opération et une discothèque. Il faut dire que les trois complices de ce spectacle revendiquent à la fois la notion d’expérimentation et de drôlerie. C’est donc dans cette tension, parfois mollement décontractée, que se déroule un époustouflant duo de jonglerie sur fond de boucles sonores et de rythmes répétitifs. Ici tout est jeu et déborde avec retenue. Entre maîtrise et ratage, mouvement et jonglerie, chute et gestes aériens. Plus que de grands effets spectaculaires, l’apparente simplicité de Flaque fait la part belle au sens graphique des lignes et de l’écriture. Là s’invente un langage jubilatoire, libre et fantasque.