Fasciné par la géographie, Marcos Morau travaille depuis quelques années avec sa compagnie La Veronal sur un décalogue où chaque territoire se lie à la danse par des visions qu’il déploie en fictions plastiques, théâtrales et chorégraphiques. Siena, Russia ou encore Voronia présenté au Manège en 2019, ont ainsi suscité l’enthousiasme du public. Aujourd’hui, le chorégraphe met son imaginaire au service de la compagnie Kukai Dantza pour parcourir les paysages de la culture basque.

La scène s’ouvre sur une salle d’opération où un homme en train de mourir va retrouver ses origines, à travers un voyage dansé. À partir de ce canevas onirique, Marcos Morau infuse son sang d’encre dans une succession de tableaux allégoriques qui nous plongent au cœur de l’identité basque, de ses mythes et symboles. Les cinq danseurs d’une virtuosité hallucinante y conjuguent une myriade de pas savants glissés et bondissants où les gestes traditionnels sont sortis de leur contexte pour retrouver la limpidité d’un dessin originel. La gestuelle précise de la danse, l’élégance stylisée des costumes folkloriques, le chant profond aux accents mystiques, tout concourt à sublimer un patrimoine ancestral, sans cesse renouvelé. Rêvée comme un poème en clair-obscur cette création fascine par son audace certaine entre tradition et modernité.