Faire naître du collectif une autre vision de la migration, tel est le projet d’Idio Chichava. Il s’entoure pour cela d’interprètes qui viennent tous de la danse traditionnelle et leur offre l’expérience de la scène. Revisitant les danses rituelles du Mozambique, et tout particulièrement celles du peuple Makondé, le chorégraphe met en scène treize interprètes qui dansent et chantent sans interruption un répertoire traditionnel ou contemporain, des gospels, des motifs baroques, des chants de résistance et de survie. Comme en extase, les danseurs, vêtus de shorts satinés aux multiples couleurs, se déplacent tel un seul corps. Certains portent des cordes, d’autres un pneu, un bout de bois, un sac de provision. Dans un crescendo énergétique, le groupe partage et réinvente des danses survoltées, traversées de solos, dans des scènes qui rappellent tantôt la vie dans la rue, tantôt une procession. Avec Vagabundus, naît un nouveau langage qui ne dissocie pas la danse, la voix et le mouvement, où l’énergie et le collectif soutiennent la qualité individuelle de chaque danseur. La migration apparaît ici comme un voyage à la fois émotionnel, spirituel et collectif. En résulte une composition polyphonique dont l’écho se répercute longtemps en nous.