Plébiscitée sur la scène internationale pour ses créations multidisciplinaires, Yaël Rasooly développe un univers très personnel où elle réunit chant, marionnettes et théâtre d’objets dans une forme de cabaret fantasque pour mieux exposer les non-dits et tabous de nos sociétés.
Deuxième volet d’une trilogie contre les violences faites aux femmes et aux enfants, Un silence parfait est un requiem pour un monde naïf dont une enfant fut dépossédée. Dans une performance magnifique et troublante, l’artiste israélienne met ici en scène ses propres déchirures, une vie fracturée depuis que son professeur de violoncelle lui a fait prendre pour de l’amour ce qui n’était qu’emprise et abus. Le récit est nourri par la force singulière des images, le pouvoir d’évocation des marionnettes réalisées à base d’instruments de musique cassés et la puissance expressive des masques. Au plus juste dans sa présence au plateau, Yaël Rasooly nous entraîne dans un tourbillon d’émotions où son timbre de contralto dit la fragilité de la petite fille et la force de son combat pour se réapproprier sa voix de femme. À ses côtés, le pianiste Amit Dolberg joue une partition sur le fil du rasoir, de Schubert à Kurt Weill, pour évoquer les déflagrations d’une enfance meurtrie et une vérité qui ne veut plus se taire. Dans ce grand huit émotionnel se révèlent les métamorphoses d’une artiste qui affirme sa sensualité et son amour de la vie. Un spectacle intense, sensible, évidemment nécessaire.