Il a fait de son âme un concentré du monde. Il a fait de son corps un abrégé des tragédies des siècles passés. Convergent en son identité : la Shoah et l’Afrique du Sud post-apartheid. Au théâtre de la cruauté, Steven Cohen se projette crâne rasé, longue silhouette zigzaguant sur les décombres du passé, entouré de fantômes. Plasticien, performeur « hard corps », transformiste, le Sud-africain né blanc, juif et homosexuel pulvérise les codes.
Sa nouvelle pièce, put your heart under your feet... and walk! invoque son compagnon danseur, Elu, décédé après vingt ans de vie commune. Conviant le public à une bouleversante cérémonie funéraire, Steven Cohen s’avance juché sur deux sarcophages et soutenu par d’immenses béquilles.
Sur le plateau, sont disposées des dépouilles, des dizaines de pointes de chaussons de danse, hybridées avec des plumes d’oiseaux ou avec des pieds de biche pour former une svastika. Avec grâce, Steven Cohen est l’officiant d’un rituel cathartique qui s’inscrit aussi dans l’histoire de la performance et du body art.

La critique de RONAN AU THÉÂTRE :