Fragilité, rythme, graphisme, vitesse, impact, performance, suspension, équilibre, chute : autant de termes qui délimitent le jonglage aux yeux des quatre solides gaillards de la compagnie Ea Eo… Ceci bien sûr, à condition d’être dans le meilleur des mondes. Car que devient cet art exigeant en situation de pénurie ? C’est l’épineuse question posée par ce spectacle. Tout débute pour le mieux sur un plancher généreux où chacun trouve sa juste place… mais celui-ci a une fâcheuse tendance à se réduire comme peau de chagrin. À mesure que les comparses voient les mètres carrés s’envoler, leur amitié chancelle. La présence des autres est tour à tour vécue comme une agression et une dépendance. Le jonglage, tout comme les rapports sociaux, subit alors les conséquences de la promiscuité. Il devient plus intense, plus dense, mais laisse aussi moins de place à la liberté et à l’individualité, se faisant plus contraignant et plus violent. À la fin il n’en restera qu’un ; on parle ici des mètres carrés. Mais quid des jongleurs ?