Tout a commencé à Reims il y a quelques saisons. Trottola et le Petit Théâtre Baraque se partageaient la piste du cirque pour un “ grand soir “ à leur façon. Dans ce lieu de mémoire, on avait vu surgir des figures clownesques d’une poésie archaïque, baroque et grinçante… Il y avait là Branlotin et Nigloo, Bonaventure, Titoune et Mads. Cinq artistes aux parcours déjà riches (Cirque Aligre et Théâtre Zingaro pour les uns, Cirque Plume ou Pocheros pour les autres). De cette rencontre est né Matamore qui avec plus de 200 représentations et un succès public à l’avenant fait dès à présent figure de pièce d’anthologie. C’est dire si nous sommes heureux d’accueillir ce phénomène en “ terre natale “, à deux pas du cirque, sur l’aire de la Patte d’Oie où l’équipe va planter son chapiteau. Matamore est ce guerrier de commedia dell’arte aux exploits imaginaires. Un condensé de burlesque, de cruauté et de poésie qui va comme un gant au cirque tel qu’il se pratique ici. Dans une fosse sans issue, on se croise, on se toise… Il y a là un jongleur de pistolets, un ogre tonitruant, un diablotin rouge qu’on dirait surgi d’une boîte, un clown blanc et un Auguste, bagarreurs grandguignolesques... Tout est parti de cette piste que les artistes ont commencé à habiter, tournant autour de leur désir, sans le nommer, comptant sur leur complicité et leur amitié pour apprivoiser la magie. Et c’est cette nécessité vitale qui s’exprime, entre drôlerie et tragique, prouesses et grâce lunaire, faisant de Matamore une déclaration d’amour muette et bouleversante à la piste.