Quoi de commun entre la marche et le cirque ? Entre ce qu’il y a de plus quotidien d’un côté et de plus inaccessible au commun de l’autre ? Peut-être le simple fait que la marche est un déséquilibre de chaque instant. On pouvait compter sur Jérôme Thomas pour repartir de là, de cette simplicité, lui qui a questionné les fondamentaux de son art - le jonglage - au point de le transformer et de transformer le regard que l’on portait sur lui. Au mitan des années 80, ce jongleur virtuose reformule ce que l’on peut attendre du cirque, émancipant son art de la simple exhibition pour aller vers l’écriture d’un spectacle conçu comme un tout. Aujourd’hui, il accompagne les premiers pas d’une nouvelle promotion du Centre National des Arts du Cirque. Onze jeunes artistes qu’il a voulu inclure dans ce mouvement perpétuel de la marche, déclinée en une chorégraphie d’horloge, pour ancrer au sol la dimension collective si fondamentale aux arts de la piste. Au fil du spectacle, émergent en contrepoint les échappées des solistes qui sont autant de défis à la gravité… mais là aussi sur un mode choral puisque, contrairement aux usages, chaque artiste use tour à tour de chaque agrès présent dans le spectacle : corde lisse, fil, tissus, roue Cyr, bascule coréenne… de quoi prendre un bel envol collectif.