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Manège, scène nationale - reims

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The Four Seasons Restaurant / note d'intention


The Four Seasons Restaurant.

C’est le nom d’un vrai restaurant qui se trouve sur la 54e rue à New York.

Ce nom est lié à l’histoire de Mark Rothko.

 

Le restaurant, en 1958, propose au peintre de préparer des toiles pour les grandes parois de ses salles. Rothko prépare plusieurs peintures considérées parmi les plus intenses de sa vie, elles étaient monumentales, aux couleurs sombres tendant au noir. Or, pendant la préparation des peintures Rothko a des sérieux doutes et développe une conscience différente par rapport à la fonction de sa peinture, à l’endroit et à la maîtrise d’ouvrage qu’il commence à considérer bourgeoise et superficielle, au point qu’il décide de faire : - something that will ruin the appetite of every son-of-a-bitch who ever eats in that room - .

 

Ensuite il prend une décision encore plus extrême de ne donner aucun tableau au restaurant – ces tableaux sont pour la plupart conservés à la Modern Tate de Londres – un signe concret du rejet social dont l’artiste s’est fait le promoteur. L’art n’a d’autres fonctions que celles d’ordre spirituel.

 

Rothko parlait de la Tragédie grecque comme fondement esthétique de sa peinture. 

Après le Pasteur Hooper d’Hawthorne – duquel ce cycle de travaux s’inspire (« Sur le concept du visage du Fils de Dieu », « Le Voil Noir Du Pasteur » ) – on voit ici un autre rejet.

Dans notre cas c’est celui d’un artiste.

 

Ce spectacle veut en effet faire allusion à l’histoire de Rothko, sans pour autant prétendre à aucune référence spécifique. Le titre de ce spectacle en réalité fait allusion à la faim.

Faim qui n’a pas des relations avec aucune nourriture, une faim qui constitue la question de l’être.

 

La décision du peintre trace l’orbite d’une absence, comme une de ces orbites qui furent considérées comme des courbes sans retour.

Le thème fondamental reste donc le même qu’à l’origine du pasteur Hooper: le tourment d’un homme face à l’image.  Eclipse de l’image comme occasion pour investiguer l’ancien rapport entre représentation et négation de l’apparence qui, depuis la Tragédie grecque, soutien tout rapport de l’homme occidental avec l’image. On se pousse jusqu’au bord de l’abîme au delà duquel il n’y plus rien à voir : juste le fracas dodécaphonique d’un trou noir, où la matière se plie sous son poids et nie elle-même.

Voilà alors.

Entrer - plutôt que voir - dans le tableau humain de Rothko.