Les Turak sont un peu des « archéologues du temps présent »… Du temps présent, car dans le pays imaginaire de Turakie, théâtre de toutes leurs interventions, l’histoire émerge non pas de profondeurs antédiluviennes mais d’objets proches de nous : pinces à linges rouillées, pommes de terre ébouriffées, bois flottés, noyaux sculptés… De petits riens porteurs de mémoire qu’en chineurs inventifs et bricoleurs, ces marionnettistes animent pour en faire les personnages d’une civilisation à la fois lointaine et rêvée… C’est aujourd’hui avec le même esprit chineur que les Turak ont inventorié quelques airs célébrissimes qui hantent nos mémoires, pour exhumer un monument : Carmen. Un titre que dans une pirouette malicieuse, ils rapprochent du breton Ar-Men (« roche dure »), le nom du phare qui se dresse au large de l’Île de Sein en Bretagne. Un collage un peu baroque et bien dans la veine de leur théâtre de collectionneurs ouvert à toutes les influences. Le Grand large donc, une femme au cœur de pierre, une fanfare de crabes, un chœur de poissons, des crevettes mandolinistes, un solo de Bernard L’hermite… Mais aussi une musique enregistrée avec une variété de timbres inédite (mandolines, gamelan balinais…), la collaboration du guitariste Rodolphe Burger et de quelques voix extraordinaires, pop ou lyriques. Voici ce que nous promettent les auteurs de cet opéra d’objets dont la récente création a eu lieu en novembre dernier.