Croiser les bras, remonter les épaules, s’étirer. Quoi de plus normal pour… une chauve-souris ! Qu’on se le dise, ces êtres nocturnes aussi familiers qu’étranges ont beau vivre dans un univers inversé, ils n’en partagent pas moins certaines attitudes et gestes avec l’homme. Et pour un acrobate qui passe une partie de son temps la tête en bas, il était bien tentant de filer la métaphore aérienne. En étudiant de près ces chiroptères, le rémois André Mandarino a constitué un répertoire de gestes et d’attitudes à l’appui d’une chorégraphie virevoltante, entre animalité et humanité. Il s’agit ici de créer l’une de ces fables universelles situées à la charnière de deux mondes. Cette fable - sans paroles - pourrait débuter ainsi : « Deux chauves-souris s’aimaient d’amour tendre… ». Sur un agrès original qui se prête à toutes les envolées, un duo voltigeant manie les cordes et les sangles pour donner corps à ce voyage plein de gaieté et de péripéties. En chemin, la rencontre désagréable d’un hibou, les lumières de la ville… Autant d’animations projetées sur cet espace tendu de toile et de cordages, comme dans une lanterne magique. De quoi donner vie sur quelques mètres carrés à cette envolée vers les grands espaces…