Voici une nouvelle saison qui continue d’affirmer la personnalité du Manège, son ancrage, ses valeurs, avec une programmation foisonnante autour de laquelle l’équipe est impatiente de vous retrouver. Tout d’abord, nous sommes très heureux de vous annoncer que le cabarettiste Jérôme Marin – dont le cabaret Le Secret vit désormais sous l’enseigne de La Barbichette – a accepté d’être notre artiste associé pour les trois saisons à venir. Pour le Manège, c’est la continuité d’une démarche engagée depuis longtemps sur le cabaret de création, avec un travail de recherche, de transmission, de production et de diffusion. C’est aussi un symbole en raison des valeurs qu’il porte. Le cabaret est en effet l’un des derniers lieux satyriques où dans le temps de la représentation, tout peut se dire, se dénoncer, s’exprimer. À l’image du cabaret, le Manège est un lieu de diversité, d’ouverture, d’inclusion et de partage. Il se revendique du service public des arts et de la culture. Cela signifie qu’il appartient à toutes et à tous, sans exclusive, et met une délicatesse particulière à accueillir la pluralité des identités. C’est le travail que le Manège mène depuis des années en ouvrant de nouveaux chemins qui mènent à la rencontre, avec en ligne de mire la question des droits culturels. 

Cette saison, nous développerons ainsi l’accueil des plus jeunes dans une diversité de spectacles. D’autres propositions feront participer les non-artistes avec les créations amateures de Louis Barreau et Myriam Soulanges, une création in situ de Mickaël Phelippeau dans les Ardennes, un atelier cabaret de Jérôme Marin… Le travail vers les personnes les plus précaires, dans leur diversité, est aussi un engagement fort et indispensable du Manège et de son équipe. Mais ce travail nécessite des moyens, et donc une réelle volonté politique. Sans elle, rien ne serait réalisable. 

La question de la liberté de création est un autre sujet de vigilance qui fait partie de l’ADN du Manège. La fabrication de l’art est du ressort des artistes, qui doivent pouvoir interroger le monde, la société, le vivant, sans être les instruments des pouvoirs, quels qu’ils soient. Et les scènes nationales telles que la nôtre doivent être les garantes de cette liberté. Parmi les créations accompagnées par le Manège qui mettent en avant des questions militantes, signalons cette saison deux premières d’autrices, la Bête et l’animale de la circassienne et poétesse Sabrina Sow et C’est comme ça que don Quichotte décida de sauver le monde de la chorégraphe Marinette Dozeville. Nous devons donc avoir les moyens de favoriser la création, particulièrement au regard de la situation difficile, précaire et dégradée des artistes de notre secteur, que seul le système de l’intermittence maintient hors de l’anéantissement. 

Ces sujets sont le socle commun du spectacle vivant. Il est parfois utile de le rappeler pour que les spectatrices et les spectateurs sachent où ils et elles entrent, et à quelles conditions cette activité peut se poursuivre. Au Manège, cette vigilance sans faille, voire cette résistance, se fera toujours avec sérieux et dans la joie. La présence de Jérôme Marin, ainsi que d’autres cabarets et de nombreuses soirées festives, permettent aussi de vérifier qu’il fait bon vivre ensemble.

Bruno Lobé et l'équipe du Manège.