La crise et son cortège de maux : risques majeurs, instabilité, précarité… Nous en avons peur, les clowns y nagent en plein bonheur… Du moins dans la mesure où le clown peut accéder au bonheur. Disons plutôt qu’inadapté par nature et spécialiste des ratages, il est un peu comme à la maison lorsque tout fout le camp. À propos de maison, rien ne va plus ici : le chapiteau est à vendre. C’est peint en toutes lettres sur la toile défraîchie et trouée… Le moment où jamais d’une visite pour prendre part au joyeux désastre en cours… Aux commandes (si l’on ose dire) de ce navire en pleine déroute, le clown-jongleur Nikolaus, spécialiste des réactions en chaîne, affiche comme à son habitude une posture hilare et philosophique face au chaos ambiant. Et il s’est pour la circonstance entouré de cinq redoutables phénomènes de cirque. Sapés comme l’as de pique, ils font preuve d’un abattage hors pair lorsqu’il s’agit de faire tanguer la piste et les spectateurs mais savent aussi créer de purs moments de beauté suspendue. Les objets sont pris de soubresauts, chacun s’égosille à pleins poumons, un trapéziste s’envoie valdinguer à travers la toile du chapiteau, une autre vole sur un escabeau et la représentation qui a débuté à l’extérieur du chapiteau s’y achève aussi d’une manière qu’on ne dévoilera pas. Tout est bien ? À chacun d’écrire la suite.